par Muhammad Asif NOOR
La Conférence centrale sur le travail économique, récemment conclue à Beijing, a réaffirmé l’engagement inébranlable de la Chine à stabiliser et transformer son économie face à des défis complexes, tant sur le plan national qu’international. Cette réunion de haut niveau, présidée par le président Xi Jinping, a non seulement tracé la direction économique de la Chine pour 2025, mais a également suscité un vif intérêt à travers le monde, mettant en lumière ses profondes implications pour les marchés internationaux, les flux commerciaux et la stabilité géopolitique. Avec un mélange de mesures fiscales proactives, de politiques monétaires modérément souples et un accent sur l’innovation scientifique et le développement durable, la conférence a esquissé une vision posant les bases d’une croissance à long terme et de haute qualité.
Au cœur de cette conférence se trouve un objectif résolu : renforcer la demande intérieure, une réorientation stratégique qui témoigne d’une compréhension approfondie des vulnérabilités dans un environnement mondial incertain. En priorisant la croissance de la consommation et en introduisant des mesures ciblées, telles que des programmes de reprise pour les biens de consommation et des politiques visant à alléger les charges financières des ménages à faible et moyen revenu, la conférence a véritablement donné un élan à la Chine pour 2025.
Grâce aux incitations destinées aux secteurs à forte valeur ajoutée, comme les économies liées à la jeunesse et aux seniors, expliquées lors de cette conférence majeure, la Chine vise à recentrer son axe de croissance économique vers l’intérieur. Ce changement arrive à point nommé, alors que l’environnement extérieur devient de plus en plus volatil, avec des menaces protectionnistes, des tensions tarifaires et une concurrence géopolitique menaçant la stabilité de la croissance traditionnelle axée sur les exportations. Sur le plan domestique, l’accent mis sur la consommation s’aligne sur les efforts visant à améliorer les conditions de vie des citoyens ordinaires, garantissant que l’expansion économique se traduit par des avantages tangibles pour la population en général.
Tout aussi significatif est l’appel de la conférence à une politique budgétaire plus proactive, caractérisée par un ratio déficit/PIB plus élevé et l’émission d’obligations d’État à très long terme. Cette approche illustre non seulement la volonté de Pékin d’utiliser l’emprunt comme outil de relance économique, mais aussi une méthode calculée démontrant sa résilience budgétaire. Ces mesures sont stratégiquement ciblées sur les infrastructures, l’innovation technologique et la stabilisation de l’immobilier, des domaines jugés essentiels pour maintenir l’élan économique.
Un thème marquant de la conférence est son soutien énergique à l’innovation technologique et scientifique comme pierre angulaire du modèle économique futur de la Chine. Le lancement de l’initiative « AI Plus » et l’engagement en faveur des industries d’avenir témoignent d’un virage ambitieux vers une industrialisation à haute technologie. Cela reflète non seulement un désir de moderniser les industries manufacturières traditionnelles, mais également une réponse stratégique à l’intensification de la concurrence dans les écosystèmes technologiques mondiaux.
En promouvant une nouvelle vague de forces productives, portée par l’intelligence artificielle, la robotique, la biotechnologie et les énergies vertes, Beijing vise à se protéger des vulnérabilités extérieures. La Chine cherche à devenir autosuffisante et à mener une transformation industrielle basée sur l’innovation, ce qui revêt une importance non seulement nationale, mais qui prépare également le terrain pour redéfinir les normes mondiales dans les technologies émergentes. La conférence n’a pas non plus éludé les risques systémiques, en particulier dans les secteurs de l’immobilier et de la finance. Les efforts visant à stabiliser le marché immobilier, notamment par des mesures encourageant l’accès à la propriété pour les primo-accédants et le soutien aux projets de rénovation urbaine, constituent une étape importante vers une stabilité économique durable.
Sur la scène mondiale, l’importance de cette conférence ne saurait être sous-estimée. Les réorientations politiques de la Chine, en particulier son effort pour accroître la consommation intérieure et moderniser son industrie, ont des répercussions considérables pour ses partenaires commerciaux internationaux. Ces mesures offrent des opportunités d’alignement avec la trajectoire économique de Beijing, notamment dans des secteurs tels que le commerce vert et les services numériques. L’accent mis par la Chine sur l’ouverture de haut niveau, la stabilisation des investissements étrangers et la promotion de réformes institutionnelles souligne l’interconnexion des systèmes économiques mondiaux.
Cependant, ces plans ambitieux ne sont pas sans défis. L’environnement extérieur demeure chargé d’incertitudes, comme en témoigne la possible reprise des tensions commerciales avec les États-Unis et l’évolution des dynamiques dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Sur le plan intérieur, stimuler la consommation et réduire les disparités de revenus nécessiteront plus que des incitations fiscales : cela exigera des réformes structurelles profondes qui renforcent les ménages et les entreprises privées.
La Conférence centrale sur le travail économique a tracé une feuille de route complète, mettant en avant l’ambition de la Chine de redéfinir son paradigme économique tout en consolidant son rôle dans un paysage mondial en mutation. L’accent mis sur la résilience, l’innovation et l’inclusivité constitue une étape cruciale pour affronter les défis immédiats et positionner la Chine comme leader en matière de développement durable. L’année 2025 sera sans aucun doute un moment charnière, non seulement pour la trajectoire économique de la Chine, mais aussi pour l’ordre mondial dans son ensemble.
Auteur: Muhammad Asif Noor est le fondateur du Forum des Amis de la BRI, conseiller principal au Centre de Recherche du Pakistan à l’Université Normale du Hebei en Chine, co-fondateur de l’Alliance des Centres de Recherche Chine-Pakistan et chercheur principal au Centre d’Études CPEC à l’Université de Kashi en Chine.
Cet article reflète les opinions personnelles de l’auteur et non nécessairement celles de Global Connectivities.