par Sébastien GOULARD
En novembre 2024, la Turquie a annoncé construire une base de lancement en Somalie pour tester ses futurs missiles à longue portée et développer ses programmes spatiaux. Cette nouvelle étape témoigne des bonnes relations entre la Turquie et la Somalie.
Depuis 2021, la Turquie affiche de nouvelles ambitions spatiales notamment avec une première mission vers la lune prévue pour 2026, qui permettra à la Turquie de rejoindre les quelques nations qui se sont rendues, ou souhaitent se rendre, sur la Lune. La Turquie a aussi manifesté son intention de rejoindre le projet de station internationale de recherche lunaire mené par la Chine et la Russie. Pour cela, la Turquie a besoin de mener des essais spatiaux, et donc a choisi de travailler avec la Somalie en ce sens. Par le passé, des tests ont été réalisés à Sinop sur la mer Noire, mais le site n’est plus adapté aux nouvelles ambitions d’Ankara.
La Somalie présente plusieurs atouts pour le secteur aérospatial turc, tout d’abord le pays est traversé par l’équateur, et donc offre des conditions particulièrement optimales, -comparables à Kourou en Guyane française-, pour le lancement de fusées. D’autre part, le pays possède une longue façade maritime sur l’océan Indien qui permet de sécuriser les lancements (les éventuels débris ne toucheraient pas des régions habitées).
Depuis plusieurs années déjà, la Turquie et la Somalie développent un partenariat diversifié, notamment dans le secteur de la défense. Ainsi, en 2017, une base militaire turque a été inaugurée près de Mogadiscio. Les militaires turques peuvent participer à l’entrainement des troupes somalienne dans le domaine du contreterrorisme mais peuvent aussi aider à sécuriser les routes maritimes dans l’océan Indien.
La Turquie se présente aussi comme un acteur favorisant la stabilité dans la région. Le Président Erdogan, en décembre 2024, a permis à la Somalie et à l’Ethiopie de trouver un accord qui met fin à des tensions régionales concernant la souveraineté de la Somalie et permettant un potentiel accès à la mer pour l’Ethiopie.
Avec le projet de base de lancement spatial, il est possible que l’on assiste à plus d’investissement turcs en Somalie, tout d’abord dans ses ports, à Mogadiscio ou ailleurs. Déjà en 2020, le gouvernement somalien accordait à une entreprise turque Albayrak la gestion du port de Mogadiscio pour quatorze ans.
Pour la Somalie, l’ouverture d’une base de lancement pour la Turquie permettra de créer de nouveaux emplois, mais aussi de créer de nouvelles filières liées au développement de ce site de lancement. Mais pour développer cette nouvelle activité, la Somalie devra aussi moderniser l’ensemble de ses infrastructures y compris dans les transports et l’énergie, le pays fait face régulièrement à des coupures de courant) et sécuriser ces installations.
Le choix effectué par la Turquie peut être déterminant pour assurer le développement de l’économie de la Somalie.
Auteur: Sébastien Goulard est le fondateur et rédacteur de Global Connectivities.