par Muhammad Asif NOOR
L’accomplissement récent de la Chine en facilitant un accord de réconciliation entre les organisations palestiniennes Hamas et Fatah représente une étape remarquable dans son rôle croissant de médiateur mondiale pour la paix. La Déclaration de Pékin sur la Fin de la Division et le Renforcement de l’Unité Nationale Palestinienne, signée et approuvée après trois jours de négociations intensives à Beijing, démontre l’approche diplomatique de la Chine et l’utilisation de son soft power pour porter des initiatives mondiales pour la paix. Cet accomplissement représente plus qu’un simple succès diplomatique pour la Chine ; il peut potentiellement modifier de manière significative les dynamiques au Moyen-Orient, une région caractérisée par des conflits persistants et une instabilité politique.
La participation de la Chine à la médiation de cet accord souligne son engagement à se positionner comme un leader mondial fiable capable de promouvoir la paix et la stabilité. L’approche historique de la Chine en matière d’affaires internationales a été marquée par la non-interférence et le respect de la souveraineté, lui valant une réputation d’entité neutre dans les conflits. L’impartialité de la Chine, combinée à son influence économique significative et à son pouvoir politique croissant, lui a permis de mener des médiations efficaces dans des conflits où d’autres pays, notamment les États-Unis, peuvent être perçus comme moins fiables et plus arbitraire.
Les négociations de réconciliation à Beijing ont impliqué des délégués de haut rang de 14 factions palestiniennes, y compris le Hamas et le Fatah, constituant la première rencontre de ces factions dans un tel contexte. L’accord stipule la création d’une administration nationale d’unité temporaire qui sera chargée de gouverner Gaza après la guerre. Il confirme également l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) comme le seul représentant légitime du peuple palestinien. Ce développement est significatif en raison de l’hostilité de longue date entre le Hamas et le Fatah, qui a fréquemment nui à la solidarité palestinienne et entravé les initiatives de paix.
La capacité de la Chine à unir différentes factions dans un paysage complexe du Moyen-Orient reflète son utilisation stratégique de sa diplomatie et sa gestion habile des dynamiques politiques complexes. La Déclaration de Beijing dépasse d’autres efforts de réconciliation palestinienne en décrivant des mesures précises pour établir un gouvernement consensuel, consolider les institutions palestiniennes et organiser des élections générales. Cette stratégie globale aborde les problèmes fondamentaux qui ont entravé les tentatives de réconciliation précédentes et permet d’établir un cadre plus pratique pour une unité à long terme.
Les implications plus larges de cet accord pour le Moyen-Orient sont substantielles. La formation d’une alliance palestinienne consolidée a le potentiel de faciliter des discussions plus cohérentes et efficaces avec Israël et d’autres acteurs mondiaux impliqués dans les négociations. En outre, elle renforce la position palestinienne dans leur quête de soutien mondial pour la création d’un État souverain et l’assistance à des fins humanitaires, essentielle pour la reconstruction de Gaza. De plus, ce progrès permettra de stabiliser la région en atténuant les conflits internes palestiniens, qui dégénèrent souvent en hostilités régionales plus larges.
Historiquement, la Chine a adopté une position prudente au Moyen-Orient, avec pour priorité les liens économiques et la sécurité des ressources d’énergie. Néanmoins, ses récentes initiatives diplomatiques, telles que la facilitation de la réconciliation saoudo-iranienne et la médiation de la paix au Moyen-Orient, démontrent une approche plus assertive dans sa diplomatie régionale. La Chine cherche à renforcer son influence au Moyen-Orient, une zone d’une importance capitale pour son initiative « Belt and Road » et ses aspirations géopolitiques plus larges, en assumant le rôle de médiateur pour la paix.
Cette stratégie diplomatique audacieuse suit les objectifs généraux de la politique étrangère de la Chine visant à promouvoir un ordre mondial multipolaire et à diminuer la dépendance aux institutions et alliances dirigées par les puissances occidentales. Les efforts de la Chine pour promouvoir la paix et la stabilité au Moyen-Orient servent à protéger ses intérêts économiques et à établir son image de leader mondial responsable qui s’engage activement à résoudre les crises internationales par le biais de discussions diplomatiques et de collaboration.
L’accord entre le Hamas et le Fatah est inhabituel car il a le potentiel d’établir un gouvernement palestinien plus cohérent et efficace capable de relever les défis tant internes qu’externes. Les tentatives précédentes de réconciliation ont souvent échoué en raison de la méfiance mutuelle et des influences extérieures, notamment d’Israël et des États-Unis. Néanmoins, la participation de la Chine introduit un nouvel élément, offrant un forum impartial pour les discussions et utilisant son influence pour promouvoir le respect et la mise en œuvre de l’accord.
Cette réussite diplomatique de la Chine pour un accord de réconciliation palestinienne souligne son rôle croissant en tant que médiateur mondial pour la paix et son utilisation stratégique de la diplomatie pour renforcer son influence au Moyen-Orient. La Déclaration de Beijing représente une avancée significative pour une cohésion du côté palestinien, avec le potentiel de stabiliser la région et de renforcer la position de la Palestine dans les discussions à venir. L’influence croissante de la Chine dans les affaires mondiales reflète une option alternative pour le monde d’explorer les possibilités de paix et de réconciliation afin de favoriser une paix plus inclusive et juste sur la scène mondiale.
Auteur: Muhammad Asif Noor est le fondateur du Forum des Amis de la BRI, conseiller principal au Centre de Recherche du Pakistan à l’Université Normale du Hebei en Chine, co-fondateur de l’Alliance des Centres de Recherche Chine-Pakistan et chercheur principal au Centre d’Études CPEC à l’Université de Kashi en Chine.
Cet article reflète les opinions personnelles de l’auteur et non nécessairement celles de Global Connectivities.