La coopération franco-omanaise à Duqm

L'industrie française de la pêche se développe à Duqm, Oman, pour créer un nouveau centre maritime.

par Sébastien GOULARD

Le port de Lorient en Bretagne, le deuxième plus grand port de pêche français, pourrait bientôt importer du poisson pêché dans les eaux omanaises par fret aérien. Cette décision a suscité la controverse en raison de l’empreinte carbone du projet, mais sous ce débat se cache une initiative beaucoup plus significative qui pourrait contribuer au sauvetage de l’industrie française de la pêche et jeter les bases d’une solide coopération maritime entre la France et le Sultanat d’Oman.

L’établissement d’un hub de pêche à Duqm

En 2020, la coentreprise du port de Lorient, Ker’Oman, a remporté un appel d’offres en réponse à une expression d’intérêt du Sultanat d’Oman pour la construction et la gestion du hub de pêche de Duqm, situé sur la côte centrale du pays. Le projet implique également le renouvellement de la flotte de pêche pour une période de 28 ans. Il s’agit principalement d’une initiative de transfert de connaissances visant à établir un hub de pêche à Duqm couvrant une superficie de 250 hectares.

Le secteur de la pêche à Duqm est actuellement sous-développé, les ressources marines étant sous-utilisées. Il existe un potentiel significatif pour l’ensemble de l’industrie de la pêche dans la région, et les professionnels de Lorient peuvent partager leur expertise dans ce secteur.

L’importation de poisson d’Oman vers la France ?

À l’heure actuelle, il n’y a pas d’accord spécifique concernant l’importation de poisson d’Oman vers la France. Cependant, à mesure que le port de Duqm devient opérationnel, de tels échanges pourraient se concrétiser, facilités par l’implication du port de Lorient dans le projet omanais. Les importations de poissons au le port de Lorient ne constituent pas un phénomène nouveau ; sur les 80 000 tonnes de produits de la mer traitées chaque année à Lorient, seulement 20 % proviennent de la pêche locale. Bien que les pêcheurs bretons puissent initialement percevoir ces importations comme une concurrence potentielle, l’industrie de la transformation des produits de la mer pourrait y trouver un marché lucratif. Ces importations permettraient également aux professionnels du secteur de s’adapter aux changements potentiels dans la pêche bretonne locale (suite à une réduction des captures ou à une demande accrue pur certains poissons), assurant la continuité des activités de vente de poissons en France.

Le développement de Duqm

La pêche n’est pas le seul secteur en développement à Duqm ; les autorités omanaises cherchent à transformer ce modeste village de pêche en un important hub international hors de la capitale, Mascate, afin de diversifier l’économie nationale, qui repose encore largement sur les hydrocarbures.

Une zone économique spéciale est en construction à Duqm ; la ville devrait devenir une destination d’affaires et touristique majeure dans la péninsule arabique d’ici 2030. La ville et ses nouveaux quartiers pourraient accueillir 100 000 habitants (contre 12 000 en 2017). L’aéroport existant doit être rénové, et la construction d’une ligne de chemin de fer reliant à Mascate est à l’étude.

Plusieurs entreprises françaises, dont Engie, manifestent leur intérêt pour la région, avec des investissements dans l’énergie solaire près de Duqm. Le projet de port à Duqm pourrait faciliter de nouveaux échanges entre la France et Oman, couvrant les industries, les services, les infrastructures et l’éducation. Duqm présente actuellement de nombreuses opportunités, et en participant à son développement, le port de Lorient, en France, explore de nouvelles possibilités de coopération.

Auteur: Sébastien Goulard est le fondateur et rédacteur de Global Connectivities.

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