par Qian Feng
Après plus de 40 ans de croissance rapide, l’économie chinoise est passée d’une phase de croissance à grande vitesse à un développement de haute qualité. Avec l’évolution du marché international et du contexte national, le modèle de croissance économique original de la Chine est de plus en plus remis en question, et il est nécessaire d’optimiser la structure économique et de transformer les moteurs de croissance. Ce que sera le moteur de la croissance future de la Chine reste à définir.
La théorie moderne de la croissance en économie montre que la force motrice de la croissance économique d’un pays est l’expansion de la main-d’œuvre et du capital matériel aux stades du décollage. Après cette phase initiale, la croissance économique d’un pays entre dans un développement économique stimulé par l’innovation. L’agglomération urbaine est une forme d’innovation qui reconfigure les facteurs économiques tels que la population, le capital, l’industrie, les biens, le commerce, la consommation et l’investissement aux niveaux régional, urbain et rural.
La Chine est le pays qui compte aujourd’hui le plus grand nombre de métropoles au monde. Les agglomérations urbaines dans le modèle de développement économique actuel de la Chine peuvent exploiter pleinement les avantages de sa population urbaine et de ses conurbations pour développer en toute autonomie son secteur scientifique et technologique nationales ainsi que pour sécuriser ses chaînes industrielles et d’approvisionnement. Cela favorisera l’efficacité économique de la Chine et permettra de promouvoir un développement de haute qualité.
La Chine a dévoilé son plan d’urbanisation en 2014. Depuis lors, le développement de ses agglomérations urbaines s’est accéléré. Le 13e plan quinquennal a proposé la construction de 19 conurbations.
Le plan publié pour la construction du cercle économique Chengdu-Chongqing en 2021 souligne que l’objectif principal du développement des agglomérations urbaines est de promouvoir le flux de ressources de manière ordonnée et libre, et de continuer à renforcer de nouveaux moteurs économiques pour un développement régional coordonné.
Dans un document de travail récemment publié par le gouvernement chinois, la Chine a réaffirmé sa volonté de d promouvoir plusieurs pôles comme celui de Beijing-Tianjin-Hebei, du delta du fleuve Yangtsé, de la région de la baie du Guangdong-Hong Kong-Macao ainsi que d’autres métropoles régionales à forte croissance économique pour entrainer un développement de haute qualité.
Dans le cadre du 14e plan quinquennal, la Chine a clairement indiqué que les agglomérations urbaines sont les principaux vecteurs d’urbanisation, et constituent les instruments nécessaires à la croissance économique du pays, au développement interrégionale ainsi qu’à la compétition et à la coopération internationales, à travers l’établissement de 19 conurbations.
Actuellement, les 19 principales agglomérations urbaines représentent 25 % de la superficie du pays, 75 % de sa population et 88 % de son PIB. Parmi les 19 principales conurbations, les cinq agglomérations urbaines pilotes, à savoir le delta du fleuve Yangtsé, la région de la baie du Guangdong-Hong Kong-Macao, la région Beijing-Tianjin-Hebei, le corridor du fleuve Yangtsé et le cercle économique Chengdu-Chongqing, ont chacune leurs propres caractéristiques.
Par exemple, « l’intégration » et « la haute qualité » sont les deux principales caractéristiques de l’agglomération du delta du fleuve Yangtsé, tandis que « le développement coordonné » est le principal mot d’ordre pour la région Beijing-Tianjin-Hebei.
La région de la baie du Guangdong-Hong Kong-Macao est davantage positionnée comme une « porte d’entrée » de la Chine. La connectivité transfrontalière et l’innovation collaborative dans le cadre du principe « Un pays, Deux systèmes » permettent une meilleure ouverture régionale.
L’agglomération urbaine du fleuve Yangtsé couvre la plus grande superficie en Chine. Le cercle économique Chengdu-Chongqing occupe une position stratégique importante et est destiné à devenir une base nationale des industries émergentes et un centre financier dans la partie supérieurs du fleuve Yangtsé.
Selon des premières estimations, d’ici 2030, le taux d’urbanisation de la Chine atteindra 80 % et la population urbaine augmentera de 200 millions. Les agglomérations, plus encore qu’aujourd’hui vont constituer le principal moteur de l’économie chinoise.
Les fonctions importantes des agglomérations urbaines se reflètent dans quatre domaines : l’industrie, l’innovation scientifique et technologique, la stimulation de la consommation et la promotion de l’ouverture. À l’avenir, la Chine devra tirer parti des avantages économiques des grandes métropoles dans l’édification d’un nouveau modèle de développement pour briser les barrières du marché et produire un effet d’échelle « 1 + 1 supérieur à 2 », et ainsi obtenir de nouveaux points de croissance économique.
Auteur: Qian Feng est chercheur à l’Institut stratégique national de l’Université Tsinghua et à l’Institut Taihe.
Cet article a été publié, en anglais, pour la première fois, sur CGTN le 7 mars 2024.