Comment Dali, au Yunnan, a-t-elle acquis le surnom de Californie chinoise? Et peut-elle le conserver?

par Sébastien GOULARD

La ville de Dali, dans le Yunnan, est sur le point de devenir une nouvelle Californie, attirant de jeunes talents et entrepreneurs chinois à la recherche d’une meilleure qualité de vie et d’une atmosphère plus détendue évoquant la Californie. Alors que la ville continue d’attirer davantage de jeunes Chinois, quel pourrait être l’avenir de Dali? Comment les autorités peuvent-elles contribuer au développement du secteur des hautes technologies sans compromettre l’essence de cette nouvelle « Dalifornie »?

La métropole de Dali compte une population dépassant les 3,3 millions d’habitants, avec une importante minorité Bai. Située à environ 300 km de Kunming, la capitale de la province du Yunnan, elle bénéficie d’un climat agréable tout au long de l’année. La ville était déjà une destination touristique majeure pour les visiteurs locaux et étrangers bien avant la crise du Covid. Réputée pour son centre historique bien préservé, les trois pagodes du temple Chong Sheng et ses paysages montagneux, Dali a commencé à attirer les nomades numériques au début des années 2010, ce qui lui a valu le surnom de « Dalifornie ». Cependant, c’est la pandémie de Covid qui a vraiment transformé la ville, avec des restrictions moins contraignantes par rapport aux autres métropoles chinoises.

Une partie de la jeune génération chinoise nourrit de nouvelles aspirations, et comme l’a noté Yan Dongjie, le nombre de nomades numériques a augmenté depuis la fin de la pandémie. Cette génération se tourne vers la campagne, en particulier la province du Yunnan, pour échapper aux pressions socio-économiques de Beijing ou Shanghai.

Les médias en ligne et traditionnels ont compris cette tendance, rendant la ville encore plus populaire auprès des jeunes et des visiteurs, renforçant le poids de l’économie du tourisme à Dali. Cependant, l’afflux de nomades numériques a également donné naissance à un secteur technologique en pleine expansion.

Comment les autorités de Dali et de la province du Yunnan peuvent-elles capitaliser sur cette tendance pour renforcer cette activité économique et faire du Yunnan une nouvelle Silicon Valley?

Tout d’abord, il est important de noter que de nombreuses villes chinoises ont rejoint la course à l’innovation et mis en œuvre de nombreux programmes pour développer cette industrie, y compris avec la création de nouveaux parcs industriels. Cependant, ce modèle pourrait ne pas fonctionner à Dali, où les nomades numériques se sont installés principalement pour la qualité de vie que la ville offre. Préserver ces conditions est crucial, y compris à travers la sauvegarde de son patrimoine architectural et environnemental, ainsi qu’en contrôlant les risques de  spéculation immobilière potentielle résultant de son nouvel attrait.

Les interactions avec les entreprises établies sont nécessaires, mais la municipalité doit également se concentrer sur le soutien apporté aux entrepreneurs dans leurs projets en facilitant par exemple l’obtention de prêts bancaires.

Cependant, la condition primordiale pour une éventuelle « Dalifornie » est la préservation d’un mode de vie, d’une certaine authenticité et de la capacité de ces nomades numériques à entreprendre de nouveaux projets. Les autorités restent très attentives aux activités de ces jeunes entrepreneurs, qui pourraient développer des solutions contestées, telles que celles liées à la technologie de la blockchain – un secteur fortement réglementé en Chine. Le modèle californien de la Silicon Valley a souvent été imité mais jamais égalé. Son succès découle largement de la liberté d’entreprendre, et c’est ce que les autorités de Dali et du Yunnan doivent encourager, comme cela a été fait il y a environ trente ans à Shenzhen.

Auteur: Dr. Sébastien Goulard est le fondateur et rédacteur de Global Connectivities.

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